samedi 19 mai 2007

Texte : suite de phrases qui forme un tout écrit.

Fut une période où j'aimais... Depuis quelques jours déjà, cette idée était ancrée dans son esprit. Maurice voulait mettre fin à ses jours. Comment ? Il ne savait pas encore. Mais pourquoi, il ne le savait que trop...Maurice se sentait inutile, il était las de tout, de sa vie insipide, de son quotidien monotone...et de toutes ces choses-là qui font qu'on arrive à haïr cette vie.Maurice était seul, désespérément seul et toujours aussi seul.Une fois, juste une fois, il y avait eu quelqu'un dans son quotidien morne mais juste une passade si courte qu'il avait presque oublié qu'une fois dans sa vie il n'avait pas été seul.Il avait aussi un ami, un unique ami, enfin Maurice se demandait s'il pouvait vraiment considéré Martin comme un ami. Celui-ci était plutôt grand et mince, ses grands yeux bleus faisaient craquer les femmes. Martin était pour ainsi dire l'opposé de Maurice. Lui était plus gros que la moyenne et avait des yeux globuleux. Il était banal, transparent aux yeux de tout le monde. Il jalousait son ami qui avait tout pour plaire, un bon métier, un physique avantageux et de charmantes compagnies. Maurice voyait des femmes et des femmes défiler dans la vie de Martin toutes plus belles les unes que les autres. En effet, Martin et lui habitaient sous le même toit, c'est pourquoi au fil du temps, Maurice avait développé une sorte de rancœur envers Martin. Il aurait tout fait pour être comme lui, le dieu qu'on idolâtre sans pour autant réussir un jour à l'égaler.Maurice, lui tournait en rond sans savoir quoi faire, sans but vraiment qui pourrait éviter sa fin tragique. Si, il avait juste un but : attendre que Martin rentre du travail sans doute avec une de ses jolies collègues, et qu'il lui donne de quoi manger.Parfois, il se demandait ce que serait sa vie s'il n'avait pas rencontré Martin. Maurice était totalement dépendant de Martin, sans lui, il serait mort depuis longtemps déjà.Il se serait certainement fait bouffer par ce monde cruel où chacun ne vit que pour soi, où personne ne compte aux yeux de personne. Dans ce monde de prédateurs, de requins, il aurait été une cible facile. Mais Martin était arrivé et l'avait sauvé de ce monde de faux semblants, de faux amis.En même temps, Maurice éprouvait quelques regrets, il se demandait si cela n'aurait pas mieux valu. Ainsi, il n'aurait embêté personne, ne serait à la charge de personne et n'aurait plus de démons intérieurs qui le rongeaient à petit feu.Depuis quelques jours déjà, Maurice ressassait ses idées noires. Personne, ni même Martin ne remarquait qu'il allait mal. De toute façon, qui aurait pu voir son mal être, qui aurait pu se soucier une minute de lui ? La réponse était si simple : personne. Personne ne se préoccupait de lui. Maurice faisait partie de ces vieux meubles, un vieux truc posé là depuis toujours qu'on a remarqué au début et qu'au fil du temps on a oublié.Maurice se sentait vieillir, le temps l'emportait sans qu'il puisse émettre une protestation. De toute façon cela ne servait à rien, puisqu'il allait abrèger ce peu de temps qu'il lui restait à vivre. D'ailleurs, Maurice n'appelait plus sa vie une vie, mais une perte de temps qu'on s'efforce pourtant de rallonger au maximum. Tout le monde essaye de grappiller ces précieuses minutes qui nous procurent des instants de bonheur, de joie, de gaieté. Tout le monde, sauf Maurice. Maurice haïssait sa vie, du plus loin qu'il remontait dans sa mémoire, il ne lui semblait pas avoir été heureux. Jamais. Il avait beau réfléchir mais non, il ne trouvait rien.Ou à moins bien sûr, de considérer sa rencontre avec Martin comme un fait heureux...Bref. Maurice n'avait plus la force de penser, il avait juste une envie, celle de s'en aller.Il avait pris sa décision, cette décision irréversible.Maintenant, il n'avait plus qu'à attendre que Martin rentre et il se tuerait durant son sommeil. De cette façon, Martin passerait encore une bonne nuit, même si Maurice se doutait que sa mort ne gâcherait pas le sommeil de Martin.Quelques heures plus tard, Martin rentra le regard vide de toute expression. Comme si, ironie du sort, il se doutait que quelque chose se tramait. Ce soir-là, il ne nourrit même pas Maurice, il avait d'autres préoccupations. Des préoccupations qui lui étaient peu communes. Il s'assit à la table, prit une feuille vierge et commença à la noircir, tout cela sous le regard de Maurice qui n'en perdait pas une miette. Maurice se demandait à qui Martin pouvait bien écrire, ce n'était pourtant pas dans ses habitudes, surtout en fin de soirée.Martin n'écrivait à personne en particulier, mais à tout le monde en même temps. Il avait besoin de libérer sa conscience, d'expliquer son geste. Ce geste qui depuis vingt-quatre heures le culpabilisait, ce geste qui en fin de compte le faisait entrer dans la cour des meurtriers. Il frissonna à la pensée de ce mot « meurtrier ». Non ce n'était pas possible, pas un gars comme lui, ne dit-on pas que ça n'arrive qu'aux autres ? Comment cela avait-il pu lui arriver à lui ? Il ne parvenait pas à répondre à cette question. Il avait un semblant de réponse avec cette phrase : « l'amour fait des ravages. » Son amour trop grand, trop fort envers une de ses collègues de travail l'avait poussé à la tuer. Son histoire était digne d'un scénario de film : il était tombé amoureux d'elle dès qu'il l'avait vue, ils s'étaient aimés, elle était mariée, elle voulait le quitter. S'ensuivirent des discussions houleuses, des gestes brutaux, il l'avait poussée, elle était tombée. Morte sous le choc.Il avait tué la femme qu'il aimait, toute la journée des remords l'avaient hanté. Il n'en pouvait plus. Il était à bout, n'arrivait même plus à se regarder dans une glace, alors qu'avant c'était son passe-temps favori.Sa vie était brisée à jamais. Comme il aurait voulu être Maurice. C'était stupide de sa part de dire cela, contraire à la logique, mais oui il voulait être comme Maurice en cet instant précis.La nuit était déjà bien avancée. Martin était parti dans sa chambre avec sa lettre. Maurice se sentait prêt, il fixa une ultime fois la croix fixée en face de lui. Il s'en remettait à Dieu, s'il en existait un pour lui...Une détonation retentit suivi bientôt des douze coups de minuit.Le lendemain, un voisin accompagné de deux policiers pénétra dans l'appartement de Martin. Ils l'appelèrent en vain. Enfin, ils le trouvèrent dans la chambre... Mort. Il s'était suicidé, une lettre posée sur le lit expliquait son geste. Le voisin effondré courut dans la cuisine et s'affala sur une chaise. Mais son regard fut attiré par quelque chose : un corps inerte. Un prénom lui vint aux lèvres. Maurice, c'était Maurice. Le poisson rouge de Martin était là, inerte sur le carrelage. Une idée farfelue lui vint à l'esprit. Le poisson rouge avait dû sentir la mort de Martin et se l'était donnée ensuite. Il secoua la tête, ses idées étaient embrouillées à cause de la perte de son ami.Mais non, l'histoire est toute autre, les hommes sont malades et se suicident. On ne pense jamais aux animaux. Pourquoi un poisson ne pourrait il pas se comporter comme un homme et agir comme tel ? Après tout, homme ou poisson, il n'y a pas tant de différences, l'issue est la même... ...Qui a dit que le temps pahssait trop vite ?

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