lundi 18 juin 2007
Pah rit la nuit,
parce que la Tour Eiffel n'est plus qu'une silhouette fantomatique.
Et un jour, on va fouiner dans ses tiroirs, dont on avait oublié l'existence, mais surtout leur contenance.
Et là, les doigts s'emballent sur les boîtes, les bouts de papier froissés par le temps, et sur des trucs qu'on peut à peine nommer. Une seule pensée vous vient à l'esprit : Tiens, j'avais gardé ça ?
Et vos doigts, toujours aussi curieux, sont bientôt rejoints par vos yeux qui scrutent le moindre recoin, le moindre confetti.
Et voilà qu'une pochette cartonnée retient notre attention de par son inhabituelle grosseur... Que diable avons-nous donc caché ici ? Hop les opposants, c'est-à-dire les deux gros élastiques noirs, sont vite vaincus.
Et là, nos chemins divergent : chacun sa pochette cartonnée, chacun sa nostalgie. (Passez ou non le message à vos voisins.)
Le trésor de Pah consistait en une foule de papiers, vous savez, une sorte de bibliothèque de Catherine II de Russie, mais en version petite fille.
Mais, plus que ces bouts de papier, que ces cartes postales, une enveloppe bleue m'aimante. Tout doux les doigts, pas de précipitation... et ce sont une carte d'anniversaire, puis deux, puis trois ! puis ça ne sert à rien de compter finalement, qui sortent de l'enveloppe bleutée et s'étalent devant mes yeux.
Anodines petites cartes qui renferment toutes le même sésame : "Sois bien sage, tu es une grande fille..."
Je me rappelle de l'impatience que j'avais qu'on me lise mes cartes. Pour une fois que le bonhomme de la voiture jaune me donnait quelque chose, rien que pour moi, qui plus est ! Puis, j'ai appris à lire et à essayer de déchiffrer, non sans mal parfois : "Avec la maîtresse, on ne fait pas les "e" comme ça, alors c'est pas un "e" là !"
Mais ce que je ne comprenais pas, c'était ces espèces de gribouillis après les cinq ou six lignes.
- Dis, c'est quoi ce truc à la fin ?
- Une signature.
- Mais, ça sert à quoi ?
- C'est pour que tu puisses savoir qui t'a écrit !
Au début, y en avait pas mal de ces "signatures", toutes différentes ! Puis, au fil des ans, au fil des cartes, y en a une, puis deux, puis trois qui ont disparu. Vous pourriez penser qu'elles se sont estompées, que l'encre avait séché... Je vous l'assure, j'ai eu beau scruter la plus infime trace d'encre, il n'y avait rien. Rien que du blanc.
Alors, pour s'éviter de penser, on range ses cartes décorées de paillettes, de chiens, de chats, de marmots, dans l'enveloppe bleue qu'on essaye de fermer, mais il y a longtemps que l'adhésif a foutu le camp, comme d'autres l'ont levé. On la remet à sa place initiale, dans la pochette cartonnée, qui elle-même ira trouver refuge dans le tiroir, mais encore plus au fond cette fois-ci.
Et peut-être qu'un jour, il nous arrivera à nous aussi d'écrire et de signer des cartes d'anniversaire, et puis un jour assurément, nous aussi ne serons plus qu'une tache blanche sur un papier glacé.
> Critiquez, je reste ouverte aux.
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